Daniel Nocera, professeur à Harvard, a mis au point une bactérie qui transforme le dioxyde de carbone en carburant, ce qui pourrait contribuer à préserver les énergies fossiles.
Une découverte tous les 5 ans. Daniel G. Nocera, professeur et chercheur en Chimie à Harvard, commence à se faire un nom dans le milieu de l’invention révolutionnaire. Début 2011, il annonçait une immense avancée dans le domaine de la bioingénierie avec la conception d’une feuille artificielle capable de séparer l’eau en hydrogène et en oxygène. De quoi subvenir aux besoins des véhicules à l’hydrogène, alors très en vogue. Mais faute d’infrastructures suffisantes, sa découverte tombait vite dans l’oubli. Mais Danil G. Nocera n’est pas du jour à rebrousser chemin au premier échec venu. Le luron vient de présenter sa nouvelle trouvaille. Et cette fois, les combustibles fossiles peuvent lui dire merci.
Nocera et sa team se sont attaqués à Ralston eutropha, une bactérie qu’ils sont parvenus à modifier. Résultat : elle peut désormais absorber du dioxyde de carbone et de l’hydrogène dans l’air et l’eau pour les transformer en carburants alcooliques. Comme un pied de nez au destin, le chercheur utilise sa feuille artificielle (vous savez, l’invention avortée de 2011) pour rendre possible le processus.
10 fois plus efficace que la normale
Ce procédé, on le retrouve aujourd’hui à l’état naturel chez les plantes et autres végétaux. Dans ce cas, 1% de l’énergie solaire générée est convertie en biomasse. Pas mal mais c’est dix fois moins qu’avec la bactérie de Daniel Nocera qui, en plus, est illimitée en quantité puisqu’elle se nourrit d’hydrogène et expulse du CO2 indéfiniment. Ultra-efficaces, indénombrables et fonctionnelles dans n’importe quel type de liquide, la bactérie Ralston eutropha semble avoir tout pour plaire. Mais non : malgré des caractéristiques uniques, elle ne permet pas de résoudre les problèmes de gaz à effet de serre. Si le CO2 est converti en carburant, il se redispersera forcément dans l’atmosphère après combustion de ce carburant. Le serpent se mord la queue.
Des centrales pour les pays mis de côté
Mais l’invention du professeur Nocera a de quoi donner le sourire aux pays délaissés en terme d’énergie. A l’est, nombreux sont les pays dénués de ressources naturelles. L’Inde en est le parfait exemple puisque 300 millions de personnes n’y ont pas d’accès à l’électricité. Ça fait du monde dans le noir. La possibilité de construire des centrales dans ces pays mis sur la touche, le magazine Forbes l’a d’ores et déjà évaluée. D’après lui, un réacteur d’un litre de liquide rempli des bactéries de Nocera capture 500 litres de CO2 par jour dont 237 litres qui disparaissent pour chaque kilowatt-heure produit. Si Forbes le dit alors.